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De quoi parle-t-on ?

      Il existe en Limousin plusieurs espèces de moules de rivière mais une seule est présente dans la Montane : la moule perlière. Pour les scientifiques elle répond au joli nom de Margaritifera margaritifera.

 

Cette espèce est protégée et classée en danger critique d’extinction par l’UICN (Union Internationale de Conservation de la nature) et fait donc l’objet d’un Plan National d’Action décliné localement au niveau régional.

Elle mesure une dizaine de centimètres à l’état adulte atteint au bout…..12 à 20 ans car, et oui, la moule perlière peut vivre un siècle.

Un peu d’histoire

     Comme nous le verrons dans le chapitre consacré à la reproduction, la présence historique de la moule perlière est calquée sur celle du saumon atlantique (voir carte en dessous).

Cette moule de rivière était recherchée pour ses perles qui se forment à l’occasion de la présence d’un corps étranger à l’intérieur de la coquille.

Les coquilles étaient déjà utilisées comme ornement au Néolithique et c’est ensuite pour leurs perles que les moules ont été recherchées. La robe de Catherine de Médicis étaient ornée de 32000 perles issues de moules de rivières européennes.

Les moules ont été aussi vendues comme nourriture pour les canards ou les cochons quand ce n’était pas les hommes qui les consommaient en période de famine.

Toutes les moules de rivière faisaient donc l’objet de ramassages intensifs.

On a bien du mal à imaginer que les rivières étaient alors pavées de moules par millions.

Habitat

      Elle ne vit que dans les cours d’eau pauvres, siliceux, ce qui est le cas dans les vieux massifs plutôt granitiques, comme le massif central.

Il lui faut du courant, des graviers et du sable, bref des cours d’eau très proches de l’état naturel. Elle vit enfouie dans les fonds suffisamment meubles mais pas colmatés par des dépôts fins.

Elle ne supporte pas un taux élevé de nitrate, de calcium ou de phosphates.

Comme elle filtre l’eau, elle est évidemment très sensible aux pollutions.

Pour finir elle a aussi besoin des truites et des saumons pour accomplir son cycle de reproduction mais nous en reparlerons plus loin.

 

Bio indicateur + filtration= bon état

     Du fait de ses exigences écologiques cette espèce est une sentinelle de la qualité des milieux aquatiques.

Mais en retour elle est aussi bénéfique pour le milieu puisqu’un individu filtre environ 50 litres d’eau par jour en la débarrassant de la matière organique en suspension.

Ca paraît bien dérisoire sauf qu’avant sa raréfaction on pouvait compter des millions d’individus sur un bassin versant entraînant une amélioration notable de la qualité de l’eau de la rivière.

 

Reproduction : un cycle incroyable !

     C’est là que tout se complique !

Les larves de moules vont se fixer sur les branchies de deux espèces de poissons et seulement deux : le saumon atlantique et la truite.

( doc 2 )

 

Les poissons assurent la dissémination des populations de moules vers l’amont. Cette phase parasitaire n'est pas préjudiciable aux poissons.

A l’heure actuelle seule la truite est en mesure d’assurer cet échange car le saumon atlantique a disparu de bien des bassins versants.

 

Répartition en France et en Corrèze

     Sur la carte ci-dessous on voit bien que le Massif Central est en première ligne pour tenter de sauver cette espèce présente dans nos rivières depuis des millénaires.

 

 

On ne peut être plus clair : sur 23 cours d’eau corréziens abritant encore une population de moules perlières seulement deux permettent à l’espèce de se reproduire et la Montane est un de ces deux...

A ce titre la Montane est un cours d’eau tout à fait exceptionnel pour la sauvegarde de cette espèce au niveau national.

 

Quel avenir ?

     La moule perlière est un exemple type du mécanisme de disparition d’une espèce : de l’abondance historique on passe progressivement à une érosion silencieuse des populations pour constater ensuite sa rareté et enfin le risque de sa disparition et souvent, pour finir, son extinction et son oubli dans la mémoire collective.

     Pour éviter d’en arriver là,  il faudrait a minima que les pollutions récurrentes à Eyrein (2012, 2015, 2018 notamment) cessent pour éviter de voir cette espèce disparaître. Espérons que le tribunal civil de Tulle prendra en compte cette espèce patrimoniale dans l’évaluation du préjudice écologique lié à la pollution de 2018 par Eyrein industrie.

Philippe Bonnet

Tag(s) : #Nos animaux
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