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Une loi du 10 mars 2023 a souhaité accélérer le développement des énergies renouvelables (EnR) en France. Elle est un peu passée inaperçue à cause des débats parlementaires sur la réforme des retraites et de la mobilisation qui s’est produite durant de longs mois.

Déposé à l’assemblée en septembre 2022 par le gouvernement, ce projet avait été débattu à l’assemblée nationale puis au sénat, faisant ensuite l’objet d’un accord en commission mixte paritaire. La loi a été validée le 9 mars 2023 par le conseil constitutionnel (qui avait été saisi par les groupes LR et RN opposés à ce texte).

Présentée comme un outil permettant de faire face à la crise énergétique et au dérèglement climatique, ce texte met en place la « planification territoriale des énergies renouvelables », prévoit la simplification des procédures d’installation et vise à un déploiement massif de l'éolien en mer et du solaire... sur terre. Le but affiché est de rattraper le retard pris par rapport à d’autres pays européens.

La démarche en Corrèze

Prenant appui sur cette loi, le Préfet de la Corrèze a envoyé le 11 juillet à tous les maires, dont celui de Gimel les cascades, un courrier demandant aux communes de coopérer à l’élaboration d’une cartographie définissant les zones propices au développement accéléré des énergies renouvelables. Une révision devant se produire tous les 5 ans.

Dans cette lettre qui comprend 24 pages (annexes comprises), les municipalités étaient invitées à définir des zones favorables à l’installation de dispositifs de production d’énergie renouvelable (panneaux photovoltaïques, méthaniseurs, éoliennes, etc.) et à transmettre les résultats de leurs délibérations avant le 3 novembre, les zones devant être validées avant la fin de l’année. Il était également prévu d’organiser des concertations avec les habitants entre le 15 et le 29 septembre 2023 et de transmettre les résultats de cette délibération à la Préfecture le 3 novembre 2023.

Ce calendrier n’a pas pu, évidemment, être tenu : il n’accordait qu’un peu plus de deux mois aux élus locaux et aux habitants pour effectuer le travail le plus ardu : la réflexion pour une adaptation concrète aux territoires, l’élaboration d’une cartographie, l’organisation d’une information et d’une consultation des habitants qui ne soit pas que formelle, mais effective.

Comment impliquer les habitants de Gimel ?

A Gimel les cascades, un premier débat d’information a eu lieu lors d'un conseil municipal qui s'est déroulé à l'automne, donnant lieu à un échange entre conseillers, sans qu’aucune décision ne soit prise. La consultation du public reste à mettre en place. Elle le sera sans doute lors d’un prochain conseil. Comme la presse locale ne s’est pas saisie d’un sujet qui manifestement ne la passionne pas,[1] très peu d’informations circulent. Pour l’instant en tout cas, la majorité des Gimelois n’est pas informée que son avis va bientôt être sollicité.

Pourtant l’application de cette loi soulève des questions d’intérêt général local importantes : à l’issue de la procédure, seront définies et validées des parcelles où l’édification de méthaniseurs, parcs photovoltaïques ou d’éoliennes bénéficiera d’un appui financier et logistique et d’autorisations délivrées plus rapidement. On peut redouter également que les groupes électriques à l’aide desquels tous ces dispositifs fonctionnent se multiplient de façon anarchique et portent atteinte à l’harmonie des paysages. La commune de Gimel les cascades ne disposant pas encore d’un PLU (en cours d’élaboration depuis plusieurs années), elle peut être vulnérable à des décisions dommageables prises trop rapidement.

Le pire n’est pas sûr, mais restons sur nos gardes.

Souvenons-nous que lors du projet d’installation des éoliennes géantes sur le Puy de l’Aiguille, l’investisseur « Eole Res » argumentait en soutenant que, dès lors que son parc n’était pas implanté directement dans le site classé et le site Natura 2000 de Gimel, il n’y avait pas de raisons de l’empêcher d’édifier ces éoliennes de 180 mètres de haut… même si elles étaient visibles à plus de 20 kms à la ronde !

La fédération départementale Corrèze Environnement s’est saisie de ce dossier et attirera bientôt l’attention des Corréziens sur l’importance de ce qui est en train de se passer.

Dès que sera mise en place la consultation publique locale, l’association Défense et respect du pays de Gimel (DRPG) apportera sa contribution tout en incitant les Gimelois à y participer. La physionomie de notre commune (qui ne se réduit pas au bourg) peut être modifiée, les paysages qui nous sont chers peuvent être impactés. Des atteintes à la biodiversité, concentrées sur des parcelles sacrifiées pour la bonne cause, peuvent se produire. Faisons en sorte que cette cartographie des énergies renouvelables sur le périmètre de Gimel les cascades fasse l’objet d’un débat effectif et sérieux, avant que des situations dommageables et irréversibles ne se produisent.

 

Photo : champ de panneaux solaires à la gare de Corrèze.

 

 

 

[1] A l’exception d’un article signé Marie-Laure PETIT, dans le n°48 d’octobre 2023 du journal trimestriel La Trousse Corrézienne (p. 8) : « Accélération des EnR : des élus locaux encadrés au plus près ! »

Tag(s) : #Ecologie au quotidien
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